Purple Travel

[August 1 2011]

Chronique Tunisienne #7 by Mehdi Belhaj Kacem

Avant de repartir pour le sud, crochet par chez mon père. Maison en pleine nature,oliviers, montagne, pas loin de la mer, calme et silence parfaits.

Je me dis que pour changer, je vais à Hammamet, la ville la plus touristique de Tunisie. Photographier Disneyland, le bling-bling tunisien à l’état pur, pour faire contrepoint peut-être avec la Tunisie telle que je la ressens, la connaît telle que quand j’étais enfant.
Peine perdue. Aucune inspiration, aucun désir, à part le soir, dans les quartiers plus populaires que touristiques. Ma mémoire avait hypertrophié la « beauté » monstrueuse des ces hôtels « cinq étoiles » fabriqués pour blanchir l’argent de la mafia russe. Entre en effet Disney et Staline. Tout n’est que vulgarité plate, consumérisme gentiment méchant, ou méchamment gentillet. L’étonnant, tout de même, est que même ici il y a très peu de touristes, ce qui donne la mesure de la désistance. Toujours pareil, les tunisiens somme toute un peu éberlués de se retrouver entre eux. Des familles « islamistes » où le Parrain Barbu vient fumer sa chichah devant ses gosses et sa femme en Hijab, pendant que passent quelques tunisoises en short rasant. Les éternels kékés gominés rigolos. Pas ou peu de photos intéressantes, pas ou peu d’envie d’en prendre, sauf comme j’aidit à un moment, coucher du soleil, quartier populaire.
Bon, il y a un truc de bien à Hammamet : la seule ville du pays où on puisse boire de l’alcool en terrasse. De même que ce qui m’avait frappé il y a six mois : les seuls étrangers qu’on voyait étaient essentiellement des… chinois. Cet été, en revanche je remarque un peu partout (à Tunis, Nabeul chez mon père, ici) des… russes. Les deux plus « grandes » Révolutions du vingtième siècle viendraient-elles, consciemment ou mieux, inconsciemment, de la première du vingt-et-unième ? Oui, de l’inconscient à ciel ouvert. Pour les russes
c’est sûrs, ce sont les beaufs du monde actuellement. Mais je soupçonne les chinois, eux, d’avoir été bien conscients de ce qu’ils font… ils subissent eux, à cause de la seule Tunisie, la plus dure répression depuis 1989 et Tien An Men. On s’y fait arrêter si on tape « Jasmin » sur Google.
Il suffit d’aller vers les quartiers non « touristisés » pour que sonne le même son de cloche qu’ailleurs. Chaos latent. Agressivité rentrée, parfois sortante. Saleté et pollution partout.N’empêche, je me sens étranger ici, même si j’aime bien l’hôtel old school où je me trouve. Le lendemain matin, hélas : une maladie alimentaire typiquement tunisienne, dont j’épargne les détails au public du très standing, fût-ce dans la provocation calculée, de Purple. Une chose est sûre, je ne pourrai pas retourner dans ce Sud que je découvre, que j’adore, tout de suite.
I’ll be right back.

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