[April 28 2017]
« Dans quelques semaine s’ouvrira la Biennale de Venise, où Xavier Veilhan concevra le pavillon français. Au-delà de la consécration individuelle, il faut aussi y lire l’arrivée à maturité d’une génération d’artistes qui émerge dans les années 1990. En 2015, Dominique Gonzalez-Foerster s’offrait les cimaises du Centre Pompidou pour une exposition rétrospective. Et deux ans encore auparavant, deux des plus grandes institutions parisiennes ouvraient grand leurs portes à deux immenses artistes : Pierre Huyghe au Centre Pompidou, et Philippe Parreno au Palais de Tokyo. Pour une fois, il n’était pas seulement question de formes ou de théories, mais d’un état d’esprit, et d’une bande d’individus qui avaient décidé qu’il était encore possible de vivre autrement – et ce, même sur les ruines du post-modernismes. Dans ce groupe d’artistes français, l’artiste solitaire travaillant dans son coin n’avait pas sa place. Galeristes, curateurs, critiques et éditeurs, chacun écrivait, créait, baisait et inventait avec les autres des manières de faire s’entrechoquer l’art et la vie – comme dans les années 1970, mais avec un meilleur look.
« Une avant-garde sans avant-garde », voilà l’expression que l’on trouve sous la plume d’Olivier Zahm pour désigner le paysage de la création qui se dessinait alors. C’est aussi le titre du recueil de ses textes de l’époque que publient à l’initiative du philosophe Donatien Grau les Presses du Réel. S’y trouvent rassemblés ses essais et critiques sur l’art publiés dans des magazines d’art (Artforum, Flash Art, Artpress ou Texte zur Kunst), des catalogues d’expositions et bien sûr dans Purple, le magazine qu’il co-fonde en 1992 et qu’il continue à diriger aujourd’hui. Comme leur sujet, les textes sont lapidaires et impertinents, happés par le flux bouillonnant d’une époque qu’ils ne cherchent pas à figer mais au contraire à électriser davantage : « une écriture fragmentée, éclatée, sans cohérence, composée au hasard des rencontres avec les artistes, de l’actualité des expositions, de la mondanité propre au monde de l’art », selon ses propres mots. Pour saisir ce moment qui refusait de se constituer en mouvement, la théorie et les grands ouvrages théoriques n’auraient pas eu leur place. Ceux-ci sont venus plus tard, mais ce que nous offre l’ouvrage, c’est un portrait croqué sur le vif à travers une collection fragmentaire de textes kaléidoscopiques. »
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Retrouvez OLIVIER ZAHM à la presentation de “Une avant-garde sans avant-garde” le 5 Mai à 19h à l’ Amphithéâtre F. Furet, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS),105 Bd Raspail, Paris.
Text by Ingrid Luquet-Gad photo by Olivier Zahm